Making of

Cache et Contre cache

 

J’aime bien relever des défis en photographie, même s’ils sont parfois d’une utilité relative mais du moment que cela touche à la technique… je mets les mains dans le cambouis !
Je me suis amusé à faire une manip qui peut paraître bien compliquée quand on sait avec quelle facilité c’est réalisable en post-production, mais cela ne s’appellerait plus un défis !
Cache et contre-cache ! c’est une technique que j’ai utilisé parfois en “argentique”. L’idée c’est de faire un montage photographique directement à la prise de vue. Ici j’ai demandé la coopération à mon fils, j’ai bien dis “mon” , il n’a pas de frère jumeaux  ! vous avez compris ou je voulais en venir ?…

Autant en argentique la compréhension de la technique était évidente et logique ( enfin,.. presque!) autant en numérique une bonne réflexion s’impose.
Mais en quoi est-ce un challenge ? et bien dans le fait que je me suis imposé de faire tout cela en une seule et unique prise.

Matériel: Un réflex avec un objectif fixe ou zoom, un pied, un porte filtre avec deux glissières + bague d’adaptation, un filtre gris ND 1000 ( facteur x10), deux caches en carton ou autre matière opaque de faible épaisseur, une télécommande pour le déclenchement (facultatif).

Préparation: L’appareil est sur pied, je mets en place le porte filtre, je cadre et fais la mise au point en mode manuel (mode AF sur off), je désactive  également le stabilisateur d’image. Mode “M” en ce qui concerne l’exposition. A ce stade il n’y a pas de filtre en place. Je fais ma mesure en privilégiant une grande ouverture afin éviter une démarcation trop nette ( ici f/3,2). Il me faut pour ce projet une exposition totale de 30 secondes, nous le verrons plus loin mais mon sujet sera exposé en réalité 12 secondes, et c’est cette valeur qui m’intéresse. 12 secondes c’est avec filtre, sans filtre cela donne 1/200, je joue avec la sensibilité ISO pour obtenir une bonne exposition. J’ai donc ici  1/200 à F/3,2  200 iso pour une exposition normal sans filtre.

Étape 1 :Mise en place du filtre ND 1000 qui me permettra de travailler avec un temps de pose long en plein jour avec une grande ouverture de diaphragme,  mise en place d’un cache en carton couvrant une moitié de l’objectif. Je règle mon appareil sur 30 secondes. J’obstrue l’oculaire pour éviter les rayons  de lumière parasites ( bon j’avoue que l’oublie parfois, c’est pas toujours dramatique). Jérémy se positionne à l’avant du véhicule, je déclenche, il tient la pose pendant 12 secondes mais ne bouge pas tant que je ne lui ai pas dis.

 

Étape 2 : Mise en place du contre cache délicatement, il faut faire vite, environ 2 secondes, dès qu’il est en place je dis à Jérémy de prendre la deuxième pose à l’arrière du véhicule, il a 4 secondes pour le faire ( çà paraît peu mais c’est suffisant). La prise de vue est toujours en cours mais n’enregistre rien puisque tout est obstrué.

 

Étape 3 : J’enlève le premier cache toujours délicatement pour ne pas faire bouger l’ensemble, je laisse finir la pose, Jérémy ne bouge pas. Nous avons donc au total 12+2+4+12 soit 30 secondes de pose. Voilà, c’est fini. Le résultat est directement visible sur l’écran lcd de l’appareil.

 

J’ai matérialisé en rouge la zone de transition entre les deux images. L’ouverture à f/3,2 génère un passage un douceur invisible entre les deux vues

Mais finalement à quoi sert toute cette manoeuvre !?

Même si des photographes s’en accommodent très bien, il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas comprendre le principe de la photographie. Je ne compte plus les stagiaires qui me disent “j’ai un bon appareil mais je ne saisis pas ce qui se passe, je ne sais pas comment faire telle ou telle photo, tel ou tel effet”. Bien sûr que ma démo à la Macgyver est d’un autre âge, et rarement on l’utilisera, mais elle a le mérite de faire réfléchir sur l’interaction qu’il y a entre la lumière et le boitier. J’ai rien inventé, mais je n’ai pas non plus été chercher des infos sur internet et encore moins visionné des vidéos, je suis simplement parti d’une idée simple et pris le temps d’y réfléchir. Quand vous êtes en mode ” passionné de photographie” utilisez votre appareil comme un outil avec lequel vous concrétiserez ce que votre pensée a imaginé, c’est vous qui créez, c’est vous le pilote, et non pas l’inverse.